Le blog de la Bergerie
|
"chaque fois qu’il (Saint François d'Assise) regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. Il entrait en communication avec toute la création, et il prêchait même aux fleurs « en les invitant à louer le Seigneur, comme si elles étaient dotées de raison ».[19] Sa réaction était bien plus qu’une valorisation intellectuelle ou qu’un calcul économique, parce que pour lui, n’importe quelle créature était une sœur, unie à lui par des liens d’affection. Voilà pourquoi il se sentait appelé à protéger tout ce qui existe. Son disciple saint Bonaventure rapportait que, « considérant que toutes les choses ont une origine commune, il se sentait rempli d’une tendresse encore plus grande et il appelait les créatures, aussi petites soient-elles, du nom de frère ou de sœur ».<br>
[20] Cette conviction ne
peut être considérée avec mépris comme un romantisme irrationnel, car elle a
des conséquences sur les opinions qui déterminent notre comportement. Si nous
nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement
et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et
de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles
du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable
de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons
intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection
jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient
pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un
renoncement à transformer la réalité en pur objet d'usage et de domination.
12. D’autre part, saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître
la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle
quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures
font contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a
d’invisible depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers
ses œuvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Bm 1, 20). C’est pourquoi
il demandait qu’au couvent on laisse toujours une partie du jardin sans la cultiver,
pour qu’y croissent les herbes sauvages, de sorte que ceux qui les admirent
puissent élever leur pensée vers Dieu, auteur de tant de beauté.[21] Le monde
est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons
dans la joie et dans la louange".
(extrait de "LAUDATO SI" du Pape François)
MicheleSzekely@2022